
Contrairement à l’idée reçue, la thérapie de couple n’est pas qu’un espace où l’on « parle » passivement de ses problèmes. C’est un processus actif où le thérapeute agit comme un traducteur des émotions et un architecte relationnel. Il ne se contente pas d’écouter, il décode les règles invisibles qui régissent votre relation et vous donne des outils concrets pour reconstruire une communication saine et une connexion profonde, bien au-delà de la simple résolution de conflits.
La porte du cabinet se ferme. Un silence s’installe, souvent lourd des non-dits et des rancœurs accumulées. Pour de nombreux couples, pousser cette porte est l’ultime recours, un geste empreint d’espoir et de peur. L’idée commune est qu’en thérapie, on va « apprendre à communiquer ». Si c’est vrai, cette affirmation est aussi réductrice que de dire qu’un chef cuisinier « mélange des ingrédients ». La réalité du travail thérapeutique est bien plus profonde, technique et transformatrice. Elle s’apparente moins à une conversation de salon qu’à une véritable ingénierie relationnelle.
Beaucoup pensent qu’il suffit de vider son sac pour que les choses s’arrangent, ou que le thérapeute agira comme un arbitre distribuant les bons et les mauvais points. Or, la véritable valeur ajoutée du professionnel ne réside pas dans son jugement, mais dans sa capacité à opérer une « traduction simultanée » des émotions et des besoins cachés derrière les reproches. Mais si la clé n’était pas de mieux parler, mais de comprendre enfin la langue secrète que votre partenaire utilise ? Et si le rôle du thérapeute n’était pas de vous dire quoi faire, mais de mettre en lumière les « lois invisibles » que vous avez créées sans même vous en rendre compte ?
Cet article vous ouvre les portes du cabinet pour démystifier ce processus. Nous allons explorer ensemble non pas le « pourquoi », mais le « comment » un thérapeute aide un couple à se réinventer. De la traduction des crises à la mise au jour des règles inconscientes, en passant par les exercices concrets qui prolongent le travail hors des séances, vous allez découvrir les mécanismes qui permettent de passer de l’incompréhension à la reconnexion.
Pour naviguer au cœur de ce processus de transformation, nous aborderons les différentes facettes du travail thérapeutique. Ce guide détaillé vous expliquera concrètement les techniques et les concepts clés utilisés en séance pour vous aider à reconstruire votre dynamique de couple.
Sommaire : Comprendre les mécanismes de la réparation du couple en thérapie
- Ce que votre partenaire veut vraiment dire quand il/elle vous crie dessus (et que seul un psy peut vous traduire)
- Le super-pouvoir que vous allez apprendre en thérapie : l’art de la reformulation
- Les « lois » invisibles qui gouvernent votre couple (et que le thérapeute va mettre en lumière)
- Quelle est la « bonne » thérapie pour votre couple ? Le guide des différentes approches
- Pourquoi la thérapie de couple ne fonctionnera pas si vous ne faites pas « vos devoirs »
- À quoi s’attendre lors de la première séance de thérapie de couple ? (Révélations d’une thérapeute)
- L’effet « base de sécurité » : comment un partenaire sécure peut guérir les blessures de l’autre
- Consulter un psy de couple, ce n’est pas pour les « fous » : c’est pour ceux qui veulent se battre pour leur relation
Ce que votre partenaire veut vraiment dire quand il/elle vous crie dessus (et que seul un psy peut vous traduire)
Un cri ou un reproche virulent n’est que très rarement une simple attaque personnelle. En réalité, c’est souvent l’expression maladroite et désespérée d’un besoin fondamental non satisfait ou d’une blessure profonde qui est réactivée. Le premier rôle du thérapeute est donc celui de traducteur émotionnel. Il aide chaque partenaire à regarder au-delà de la forme (le cri, l’accusation) pour en comprendre le fond (la peur, le besoin de sécurité, le sentiment d’abandon). Une crise n’est plus un combat à gagner, mais un signal à décoder.
Cette traduction permet de sortir du cycle infernal de l’attaque-défense. Le partenaire qui reçoit le reproche n’entend plus « Tu es nul », mais « J’ai besoin de toi ». Celui qui exprime sa colère apprend à formuler sa demande de manière plus constructive. Ce travail s’appuie souvent sur la compréhension des mécanismes d’attachement et des schémas qui peuvent mener une personne à se sentir en situation de dépendance affective. Comme le souligne la thérapeute Véronique Kohn, cette addiction au partenaire peut expliquer l’intensité de certaines réactions, qui sont en fait des appels à l’aide pour ne pas sombrer. Une étude sur la question montre en effet que le sentiment d’être sous le coup d’une telle dépendance affective peut altérer profondément l’estime de soi.
Pour rendre ce concept concret, le thérapeute aide le couple à réinterpréter les phrases de crise les plus courantes. Ce processus de « traduction » est une étape fondamentale pour rétablir l’empathie.
| Phrase de crise entendue | Besoin caché traduit par le psy |
|---|---|
| Tu ne m’aides jamais avec les enfants ! | Je me sens seule et dépassée, j’ai besoin de sentir que nous formons une équipe solide |
| Tu es toujours sur ton téléphone ! | J’ai besoin de connexion et d’attention exclusive, je me sens invisible |
| On ne fait plus rien ensemble ! | Notre complicité me manque, j’ai peur qu’on devienne des colocataires |
| Tu ne comprends jamais rien ! | J’ai besoin d’être écoutée sans jugement et que mes émotions soient validées |
En changeant la perception du conflit, le thérapeute ne l’élimine pas, mais le transforme en une opportunité de compréhension mutuelle et de reconnexion.
Le super-pouvoir que vous allez apprendre en thérapie : l’art de la reformulation
Si la traduction est le travail du psy, la reformulation est le super-pouvoir qu’il transmet au couple. C’est l’outil le plus puissant pour transformer la communication. Reformuler ne signifie pas simplement répéter ce que l’autre a dit. C’est un exercice actif qui consiste à dire : « Si je comprends bien, ce que tu ressens, c’est… Est-ce que c’est bien ça ? ». Cette technique a trois effets immédiats : elle prouve à celui qui parle qu’il est réellement écouté, elle permet à celui qui écoute de vérifier sa compréhension et d’éviter les interprétations erronées, et enfin, elle calme instantanément le jeu en sortant de la réactivité.
L’exercice le plus connu pour s’entraîner est le dialogue miroir. Un partenaire s’exprime pendant un temps défini (par exemple, 10 minutes) sans être interrompu, tandis que l’autre écoute avec l’unique objectif de pouvoir ensuite reformuler le message, sans juger, sans conseiller, sans se défendre. Juste écouter pour comprendre. Cet exercice, bien que simple en apparence, est incroyablement difficile au début car il va à l’encontre de nos réflexes de conversation habituels.

Comme le montre cette pratique, il s’agit de créer un espace où la parole de l’un peut exister pleinement avant que l’autre n’y réagisse. Le psychologue Jean Stevenon explique qu’en thérapie, il met en place les conditions pour que chacun puisse parler à son tour, en s’assurant que l’autre pratique une écoute active bienveillante. La reformulation se décline en plusieurs niveaux, du plus simple au plus profond :
- Niveau 1 – La reformulation-perroquet : Répéter les derniers mots de la phrase de l’autre pour l’encourager à continuer et lui montrer qu’on suit son propos.
- Niveau 2 – La reformulation-clarification : Synthétiser avec ses propres mots ce que l’on a compris (« Si je te suis, l’idée principale est que… »). Cela permet de valider la compréhension et de dissiper les malentendus.
- Niveau 3 – La reformulation validante : Aller plus loin en nommant l’émotion ou le besoin sous-jacent (« J’entends que cette situation te met très en colère parce que tu as l’impression de ne pas être respecté(e). C’est ça ? »). C’est le niveau le plus puissant pour recréer du lien.
Progressivement, ce qui était un exercice technique en séance devient un nouveau mode de communication naturel au quotidien, désamorçant les conflits avant même qu’ils n’explosent.
Les « lois » invisibles qui gouvernent votre couple (et que le thérapeute va mettre en lumière)
Chaque couple est un système qui fonctionne selon ses propres règles, souvent implicites et inconscientes. C’est ce qu’on appelle en thérapie systémique le « contrat implicite ». Ce sont des croyances, des attentes et des fonctionnements que les partenaires ont mis en place sans jamais en parler. Par exemple : « C’est toujours toi qui gères les finances », « On ne parle jamais de nos familles respectives », « Le silence signifie que tu es en colère », etc. Ces règles invisibles, tant qu’elles conviennent aux deux, permettent au couple de fonctionner. Mais lorsque la situation change (arrivée d’un enfant, chômage, déménagement), ces lois peuvent devenir obsolètes, rigides et source de conflits intenses.
Le rôle du thérapeute est ici celui d’un anthropologue qui observe votre « tribu » de deux personnes pour identifier et mettre en lumière ces règles. En posant des questions comme « Qui décide des vacances habituellement ? », « Comment savez-vous que l’autre est contrarié ? », « Qu’est-ce qui est interdit de dire ou de faire dans votre couple ? », il rend visible l’invisible. Cette prise de conscience est la première étape pour pouvoir ensuite renégocier le contrat. Le but n’est pas de tout jeter, mais de décider consciemment quelles règles vous souhaitez garder, lesquelles vous devez modifier et lesquelles vous devez abandonner.
Ce travail permet de sortir des impasses où chacun a l’impression que l’autre « ne fait pas d’efforts », alors qu’en réalité, chacun obéit à une règle que l’autre ignore. Comme l’explique la thérapeute Véronique Kohn, ce processus aide à déconstruire les attentes irréalistes héritées du « mythe romantique ».
La thérapie peut vous aider à retrouver confiance en vous et à cesser de croire au mythe romantique du couple, qui vous pousse à vous oublier et à vous perdre dans la relation.
– Véronique Kohn, Thérapies individuelles ou de couples
Décider d’investir dans une thérapie permet d’obtenir ce regard extérieur pour clarifier les blocages. Les séances, qui durent souvent 1h30 toutes les trois semaines, laissent le temps d’intégrer ces prises de conscience et de commencer à expérimenter de nouvelles « lois » plus adaptées à la réalité actuelle du couple.
Le couple cesse alors d’être le jouet de ses propres automatismes et reprend activement le contrôle de sa dynamique relationnelle.
Quelle est la « bonne » thérapie pour votre couple ? Le guide des différentes approches
Il n’existe pas une seule « thérapie de couple », mais plusieurs approches, chacune ayant ses forces selon la nature de la problématique. Choisir le bon thérapeute, c’est aussi choisir l’approche qui résonnera le plus avec votre situation. Un bon professionnel est souvent formé à plusieurs méthodes et saura s’adapter, mais comprendre les grandes orientations peut vous aider à vous sentir plus en confiance.
Par exemple, l’approche systémique est particulièrement efficace pour les conflits récurrents, car elle se concentre sur les interactions et les « lois invisibles » du couple, comme nous l’avons vu. La Thérapie Centrée sur les Émotions (TCE) est, elle, très indiquée après un choc majeur comme une infidélité, car elle se focalise sur la réparation du lien d’attachement et l’expression des blessures profondes. Pour les couples qui se sentent devenus des « colocataires », l’approche Imago, avec son dialogue structuré, est excellente pour recréer de l’intimité et de l’empathie. Enfin, des outils comme la Communication Non Violente (CNV) peuvent être au cœur de l’accompagnement d’un conseiller conjugal et familial pour tous les problèmes de communication.
Le choix du professionnel est donc crucial. Il ne s’agit pas seulement de « feeling », mais aussi de compétences vérifiables. D’après une analyse des différentes approches, associer le bon problème à la bonne thérapie augmente significativement les chances de succès.
| Problème de couple | Approche recommandée | Professionnel adapté |
|---|---|---|
| Conflits récurrents sur des broutilles | Approche systémique | Psychologue spécialisé |
| Crise suite à une infidélité | Thérapie Centrée sur les Émotions (TCE) | Thérapeute formé TCE |
| Sensation de routine et colocation | Approche Imago | Thérapeute certifié Imago |
| Problèmes de communication | Communication Non Violente | Conseiller Conjugal et Familial |
Votre plan d’action : questions à poser pour choisir votre thérapeute en France
- Vérification des qualifications : Quel est votre numéro ADELI ? (Ce numéro garantit que le psychologue est diplômé et enregistré en France).
- Supervision et éthique : Êtes-vous supervisé(e) dans votre pratique ? (Un bon thérapeute continue de se former et de faire analyser sa pratique par un pair).
- Expérience spécifique : Quelle est votre expérience avec les couples qui vivent une problématique similaire à la nôtre ?
- Approche de la sexualité : Disposez-vous d’une certification de sexologue ? (La question de la sexualité est quasi-systématiquement abordée et il est important que le professionnel soit à l’aise).
- Déroulement de la prise en charge : Comment se déroule une première séance avec vous et quel est votre cadre de travail (fréquence, durée, tarif) ?
Un couple informé est un couple qui se donne les meilleures chances de trouver le professionnel et l’approche qui lui permettront de cheminer efficacement.
Pourquoi la thérapie de couple ne fonctionnera pas si vous ne faites pas « vos devoirs »
Une des plus grandes erreurs est de croire que le changement se produit uniquement pendant l’heure de séance. La thérapie n’est pas un service de « réparation minute ». La séance est le lieu où l’on prend conscience, où l’on apprend les outils et où l’on définit la stratégie. Mais le véritable match se joue entre les séances, dans la vie de tous les jours. C’est pourquoi la plupart des thérapeutes donnent des « devoirs » ou des « expérimentations » à faire.
Ces tâches n’ont rien de scolaire. Leur but est de vous faire passer de la théorie à la pratique, d’ancrer de nouvelles habitudes et de briser les anciens schémas. Refuser de les faire, ou les oublier systématiquement, revient à prendre un cours de natation sans jamais aller dans l’eau. Le progrès sera quasi nul. L’implication active des deux partenaires est la condition non négociable du succès de la thérapie. Cela montre que chacun est prêt à investir du temps et de l’énergie pour le couple, au-delà de l’investissement financier des séances.
Les exercices proposés sont variés et adaptés à la problématique du couple. Le thérapeute peut demander de mettre en place des choses très concrètes dans le quotidien pour réinjecter du positif ou casser les routines. Voici quelques exemples de « devoirs » fréquemment proposés :
- Les 15 minutes de conversation protégée : Chaque jour, un temps d’échange sans téléphone, sans télévision, sans enfants, et surtout, sans aborder de sujets qui fâchent. Le but est de se reconnecter sur le plaisir d’être ensemble.
- L’agenda des rendez-vous amoureux : Planifier activement des sorties ou des moments à deux, comme au début de la relation, pour réinjecter de la séduction et de l’anticipation positive.
- Le bocal à kifs : Chaque jour, chacun écrit sur un petit papier un moment, un geste ou une parole de l’autre qu’il a apprécié, et le met dans un bocal. À la fin de la semaine, on lit les papiers ensemble.
- L’exercice du dialogue miroir : Pratiquer à la maison la technique de reformulation vue en séance pour s’entraîner à l’écoute active.
Un point crucial est aussi la gestion de l’après-séance. Une règle d’or souvent donnée par les thérapeutes est : « Pas de discussion sur ce qui s’est dit en séance pendant 24 heures. » Cette période de « décantation » est essentielle pour éviter que la séance ne devienne un prétexte à de nouveaux reproches (« Tu as vu ce que tu as dit au psy ? ») et pour laisser à chacun le temps d’intégrer ce qui a émergé.
En acceptant de jouer le jeu, le couple devient l’acteur principal de sa propre « guérison » et ne reste pas dans une attente passive vis-à-vis du thérapeute.
À quoi s’attendre lors de la première séance de thérapie de couple ? (Révélations d’une thérapeute)
La première séance est souvent un mélange d’appréhension et de soulagement. Son objectif principal n’est pas de résoudre tous les problèmes, mais d’établir ce qu’on appelle « l’alliance thérapeutique ». C’est un moment où le thérapeute pose le cadre (confidentialité, neutralité, rythme des séances) et où le couple évalue s’il se sent en confiance avec ce professionnel. Le thérapeute va généralement vous laisser raconter, avec vos mots, ce qui vous amène. Il cherche à comprendre la « demande » du couple : venez-vous pour sauver votre relation, pour vous séparer « proprement », ou ne savez-vous pas encore ?
Le thérapeute ne se contente pas d’écouter vos mots. Il observe. C’est ce qu’on appelle l’analyse de la « chorégraphie du couple ». Qui parle en premier ? Qui coupe la parole à l’autre ? Qui regarde par la fenêtre ? Qui cherche l’approbation du thérapeute ? Ces signaux non-verbaux sont une mine d’informations sur la dynamique de votre relation, les rapports de force et les schémas de communication. Le thérapeute se positionne comme un médiateur, veillant à ce que chacun ait un temps de parole équitable et que le dialogue reste respectueux, même si le conflit émerge.

Pendant cette première rencontre, il est possible que le thérapeute vous propose déjà de petits exercices, comme demander à chacun de donner sa propre définition du couple ou de raconter l’histoire de sa rencontre. L’idée est de commencer à décaler le regard, à sortir de la liste des griefs pour se reconnecter à ce qui a fondé la relation.
Étude de cas : L’analyse de la « chorégraphie du couple » en première séance
Un couple, appelons-les Léa et Tom, arrive en séance. Léa s’assoit au bord de son fauteuil, tendue, et commence immédiatement à lister les problèmes. Tom, lui, s’installe au fond du sien, bras croisés, regard fuyant. Le thérapeute observe : Léa prend tout l’espace sonore, tandis que Tom se met en retrait physique et verbal. Le rôle du psy n’est pas de dire à Léa de se taire ou à Tom de parler, mais de commenter ce qu’il voit : « Je remarque que Léa, vous avez beaucoup de choses à dire, et que Tom, vous semblez plus en observation. Est-ce que c’est quelque chose qui se passe souvent entre vous ? ». Cette simple question, neutre et non-jugeante, ouvre un nouvel espace de discussion sur leur manière habituelle d’interagir.
Vous ne sortirez pas de cette première séance avec une solution miracle, mais avec le sentiment d’avoir été écoutés ensemble, peut-être pour la première fois depuis longtemps, et avec un cadre clair pour la suite du travail.
L’effet « base de sécurité » : comment un partenaire sécure peut guérir les blessures de l’autre
Un des concepts les plus puissants issus de la théorie de l’attachement est celui de « base de sécurité ». L’idée est que, pour pouvoir explorer le monde sereinement, un enfant a besoin de savoir qu’il peut revenir à tout moment vers une figure parentale fiable et réconfortante. À l’âge adulte, ce besoin ne disparaît pas : notre partenaire amoureux devient notre principale figure d’attachement. Idéalement, il ou elle devient cette base de sécurité à partir de laquelle nous pouvons nous épanouir, prendre des risques et affronter les difficultés de la vie.
Lorsque cette sécurité est présente, la relation devient un puissant levier de guérison. Un partenaire qui sait rassurer, écouter sans juger et être présent dans les moments de crise peut aider l’autre à apaiser ses propres angoisses et à guérir des blessures passées (peur de l’abandon, manque de confiance en soi…). Il ne s’agit pas de « soigner » l’autre, mais de créer un environnement si sécurisant que l’autre peut faire son propre travail de guérison. La thérapie aide souvent les couples à construire ou à reconstruire cette base. Elle apprend au partenaire le plus « sécure » comment offrir ce soutien et au partenaire le plus « insécure » comment le recevoir et y croire.
Cela passe par des actions très concrètes au quotidien. Il ne s’agit pas de grandes déclarations, mais de petits gestes qui prouvent la fiabilité et la disponibilité de l’autre. C’est un travail actif pour sortir de ses propres automatismes et expérimenter de nouvelles attitudes. Voici quelques pistes pour renforcer cette base de sécurité :
- Apprendre à dire « Je suis là pour toi » : Pendant une crise de l’autre, au lieu de minimiser ou de vouloir trouver une solution, cette simple phrase peut tout changer.
- Demander « De quoi as-tu besoin de ma part, là, tout de suite ? » : Cette question redonne le pouvoir à celui qui souffre et évite de proposer des solutions inadaptées.
- Valider l’émotion, même si on ne la comprend pas : Dire « Je vois que tu es très triste/en colère, et même si je ne comprends pas tout, je vois que c’est dur pour toi » est une forme de validation extrêmement puissante.
- Explorer ses propres blessures : Pour cesser de chercher chez l’autre ce que l’on refuse de se donner à soi-même, un travail sur l’amour de soi est indispensable.
Comme le dit Véronique Kohn, il s’agit de trouver un équilibre entre la connexion à l’autre et la connexion à soi, pour que l’amour ne vienne pas étouffer « la joie d’être ».
Lorsque le couple devient une base de sécurité mutuelle, il passe d’un état de survie, où chacun cherche à se protéger de l’autre, à un état de croissance, où chacun soutient l’épanouissement de l’autre.
À retenir
- Le rôle du thérapeute n’est pas de juger, mais d’agir comme un « traducteur » qui décode les besoins cachés derrière les reproches.
- La thérapie est un processus actif : le vrai travail se fait entre les séances grâce à des exercices concrets (« devoirs ») qui ancrent de nouvelles habitudes.
- Un des objectifs clés est de mettre en lumière les « lois invisibles » (le contrat implicite) du couple pour pouvoir les renégocier consciemment.
Consulter un psy de couple, ce n’est pas pour les « fous » : c’est pour ceux qui veulent se battre pour leur relation
La décision d’entamer une thérapie de couple est encore trop souvent perçue comme un constat d’échec ou un aveu de faiblesse. C’est une vision dépassée. Au contraire, cette démarche est une preuve de courage et d’engagement. C’est le signe que, malgré les difficultés, les deux partenaires considèrent que leur relation vaut la peine qu’on se batte pour elle. C’est un acte d’espoir et un investissement pour l’avenir, que cet avenir soit commun ou séparé. Car parfois, la thérapie peut aussi servir à se séparer dans le respect et l’intelligence, surtout quand des enfants sont impliqués.
En France, la perception de la santé mentale a beaucoup évolué, notamment depuis la crise du COVID-19. Consulter un psychologue est de plus en plus dédramatisé et normalisé. Des dispositifs comme MonPsy, bien que centrés sur la thérapie individuelle, participent à cette démocratisation. Il est désormais reconnu que, tout comme on entretient sa santé physique, il est sain et sage d’entretenir sa santé relationnelle. D’ailleurs, la mise en place du dispositif MonPsy qui permet le remboursement de 8 séances par an en individuel montre une volonté politique de rendre la santé mentale plus accessible.
Engager une thérapie, c’est décider de ne plus subir une situation de souffrance. C’est choisir de faire appel à un tiers neutre et compétent pour aider à dénouer des nœuds que l’on ne parvient plus à défaire seuls. Le thérapeute, comme le souligne l’équipe de Qare, agit comme un médiateur lorsque le manque de communication a érigé des murs. Il ne possède pas de baguette magique, mais il offre un cadre, des outils et une perspective extérieure qui peuvent tout changer. C’est s’offrir une chance de comprendre ce qui se joue, de briser les cycles répétitifs et de choisir consciemment la suite à donner à son histoire.
En fin de compte, la thérapie de couple est peut-être l’un des plus beaux cadeaux que l’on puisse faire à sa relation : celui de lui accorder du temps, de l’attention et l’expertise nécessaire pour lui permettre de grandir et de s’épanouir.