Illustration conceptuelle montrant un couple à la croisée des chemins, symbolisant le changement de scénario relationnel
Publié le 15 mars 2024

Contrairement à l’idée d’une « malédiction amoureuse », vos schémas répétitifs ne sont pas le fruit du hasard. Ils sont la manifestation logique de votre style d’attachement, ce « code source affectif » forgé dans l’enfance. Comprendre si vous êtes de profil anxieux, évitant ou sécure est la véritable clé pour déprogrammer ces scénarios douloureux et vous autoriser, enfin, à construire des relations épanouissantes.

Vous avez cette impression dérangeante de revoir sans cesse le même film ? L’enthousiasme des débuts, les espoirs immenses, puis, insidieusement, les mêmes doutes, les mêmes disputes, et souvent, la même fin décevante. Vous vous demandez si vous êtes condamné(e) à attirer le même type de partenaire, à revivre les mêmes dynamiques d’abandon ou d’étouffement. Vos amis vous conseillent de « mieux choisir » ou « d’apprendre à vous aimer », mais ces injonctions, bien que pleines de bonnes intentions, restent abstraites et ne vous aident pas à sortir de l’ornière.

Et si le problème n’était ni la malchance, ni un défaut fondamental de votre personnalité ? Si la véritable clé ne résidait pas dans la recherche du partenaire « parfait », mais dans la compréhension de votre propre fonctionnement interne ? La répétition de vos échecs sentimentaux n’est pas une fatalité. C’est un message, un symptôme qui pointe vers une cause plus profonde : votre style d’attachement. Cette grille de lecture, issue de la psychologie, offre un éclairage puissant sur la manière dont vous entrez en relation, vos peurs, vos attentes et vos réactions.

Cet article n’est pas une énième liste de conseils génériques. C’est une invitation à un voyage intérieur structuré. Nous allons d’abord apprendre à distinguer l’amour de la dépendance, puis explorer les mécanismes de la peur de l’abandon et de la fuite de l’engagement. Ensuite, nous vous donnerons les clés pour identifier votre propre style d’attachement et comprendre comment il orchestre, à votre insu, le scénario de vos relations. L’objectif : vous donner les outils pour enfin devenir le scénariste de votre vie amoureuse, et non plus un acteur passif d’une pièce qui ne vous convient pas.

Pour ceux qui préfèrent une approche visuelle, la vidéo suivante explore une des craintes les plus communes liées aux ruptures et aux schémas répétitifs, complétant ainsi notre réflexion sur la nécessité de tourner la page pour changer de scénario.

Pour naviguer à travers cette exploration et trouver les réponses qui vous concernent, voici les grandes étapes de notre parcours. Chaque section est conçue pour vous apporter un éclairage nouveau et des outils concrets pour avancer.

Amour ou dépendance ? Le test en 10 questions pour savoir si votre relation vous construit ou vous détruit

La première étape pour briser un schéma est de le nommer. Souvent, ce que l’on prend pour un amour passionnel et fusionnel cache en réalité une forme de dépendance affective. Comme le soulignent les psychologues, la dépendance affective est un trouble qui génère une souffrance intense et un besoin quasi permanent de réassurance. Elle se nourrit de la peur du vide et de la solitude, transformant la relation en béquille plutôt qu’en partenariat. En France, les experts en psychologie reconnaissent que la dépendance affective touche une part non négligeable de la population, avec une prévalence marquée chez les femmes, souvent conditionnées culturellement à se définir à travers le couple.

L’amour sain favorise l’expansion de soi, encourage l’autonomie et repose sur le plaisir d’être ensemble, pas sur la peur d’être seul. La dépendance, elle, vous rétrécit. Elle exige des sacrifices, isole et fait de l’autre le centre unique de votre univers, la seule source de votre valeur. Pour y voir plus clair, répondez honnêtement à ces questions. Si vous répondez « oui » à une majorité d’entre elles, il est probable que votre relation penche davantage du côté de la dépendance que de l’amour constructif.

  • Votre estime de vous-même dépend-elle entièrement du regard et de la validation de votre partenaire ?
  • Ressentez-vous une angoisse permanente d’être abandonné(e), même sans raison apparente ?
  • Avez-vous le sentiment de vous être perdue de vue, d’avoir renoncé à vos passions ou à vos amis pour la relation ?
  • Acceptez-vous des comportements ou des situations qui heurtent vos valeurs profondes, juste pour ne pas créer de conflit ou risquer la rupture ?
  • Vous sentez-vous « incomplète » ou vide lorsque votre partenaire n’est pas là ?
  • Avez-vous un besoin constant et insatiable de preuves d’amour pour être rassurée ?
  • Votre peur de la séparation est-elle disproportionnée, voire liée à des craintes financières, malgré l’existence d’aides spécifiques en France comme l’APL ou le RSA ?
  • L’idée même d’une vie sans l’autre vous est-elle absolument insupportable ?
  • Vous isolez-vous progressivement de votre entourage, considérant que votre couple est un monde à part ?
  • Considérez-vous comme normal, au nom de l’amour, de devoir justifier vos sorties ou vos choix personnels ?

Cet auto-diagnostic n’est pas un jugement, mais un éclairage. Reconnaître les signes de dépendance est le premier pas courageux vers la reprise en main de son bien-être affectif. C’est l’acte fondateur qui permet d’arrêter de subir et de commencer à choisir.

Comment votre peur d’être quitté(e) est en train de pousser l’autre à partir

C’est l’un des paradoxes les plus cruels des schémas amoureux : plus vous avez peur d’être abandonné(e), plus vous adoptez, sans vous en rendre compte, des comportements qui finissent par provoquer exactement ce que vous redoutez. Ce mécanisme porte un nom en psychologie : la prophétie autoréalisatrice. Votre croyance intime (« je vais être quitté(e) ») modifie votre perception de la réalité et oriente vos actions, ce qui conduit inévitablement à la réalisation de cette prophétie. C’est un cercle vicieux implacable.

Concrètement, comment cela se manifeste-t-il ? La peur de l’abandon vous place dans un état d’hypervigilance. Vous analysez chaque mot, chaque silence, chaque texto non répondu comme un signe avant-coureur de la fin. Cette anxiété vous pousse à chercher constamment la réassurance : « M’aimes-tu toujours ? », « Es-tu sûr(e) que ça va entre nous ? ». Vous pouvez devenir excessivement jaloux(se), contrôlant(e), ou au contraire, vous effacer complètement pour devenir la personne « parfaite » qui ne dérange jamais. Ces comportements, nés de la peur, finissent par devenir étouffants pour votre partenaire. Il se sentira soit fliqué, soit face à une personne qui n’a plus de personnalité propre, ce qui érode l’attirance et le respect.

Représentation visuelle d'un cercle vicieux montrant comment la peur d'abandon crée les conditions de son propre accomplissement

Ce phénomène est particulièrement amplifié par le contexte moderne du « fast-dating » où, comme le confirment des études sur le comportement relationnel, la croyance en une catastrophe imminente peut précipiter la fin d’une relation naissante. Comme le définit une analyse sur la prophétie autoréalisatrice, le simple fait de s’attendre à un événement négatif modifie nos actions et contribue à le faire advenir. L’autre, sentant cette pression et ce manque de confiance, prendra ses distances, ce qui confirmera votre croyance initiale : « Je le savais, on finit toujours par me quitter ». La boucle est bouclée, et le scénario est prêt à se répéter.

Sortir de ce piège ne consiste pas à s’interdire d’avoir peur, mais à prendre conscience du mécanisme. Il s’agit de comprendre que ce n’est pas votre partenaire qui est la source de l’angoisse, mais une blessure plus ancienne. En travaillant sur cette sécurité intérieure, vous pourrez progressivement cesser de chercher à l’extérieur une validation que seul vous-même pouvez vous apporter.

« J’ai besoin de liberté » : le guide pour comprendre et (peut-être) rassurer un partenaire qui fuit l’engagement

Face à la peur de l’abandon, il existe une dynamique miroir tout aussi courante : la peur de l’engagement. Si vous tombez souvent sur des partenaires qui, au moment où la relation devient sérieuse, prononcent la phrase fatidique « J’ai besoin d’espace » ou « Je ne suis pas prêt(e) », vous êtes probablement face à un profil à tendance « évitante ». Pour ces personnes, l’intimité et la fusion sont vécues non pas comme une sécurité, mais comme une menace d’engloutissement, une perte de leur identité et de leur liberté.

Cette peur n’est pas nécessairement un rejet de vous en tant que personne. Elle est souvent le reflet d’expériences passées ou d’un modèle familial où l’engagement était synonyme de contraintes et de sacrifices. En France, cette tendance est également soutenue par une évolution sociale profonde. Les données de l’INSEE montrent une augmentation constante de l’âge au premier mariage et une part croissante d’adultes vivant seuls. Comme le montre une analyse sur l’évolution des modes de vie, près de 28 % des adultes en France vivent seuls en tant que célibataires, et l’engagement formel est de plus en plus perçu comme une option parmi d’autres, et non plus comme une évidence.

Comprendre le cadre légal français peut aussi aider à dédramatiser. L’engagement n’est pas un bloc monolithique. Le PACS ou l’union libre offrent des alternatives au mariage avec des niveaux d’obligations et de flexibilité très différents. Présenter ces options peut parfois rassurer un partenaire qui craint surtout le formalisme et les conséquences irréversibles qu’il associe au mariage traditionnel.

Comparaison des régimes d’union en France
Critère Mariage PACS Union libre
Formalités Cérémonie officielle, publication des bans, témoins obligatoires Signature d’un contrat en mairie ou devant notaire Aucune formalité
Fiscalité Imposition commune Imposition commune après un an Imposition individuelle
Droit à succession Le conjoint est héritier réservataire Absence automatique de droit (sauf testament) Absence automatique de droit (sauf testament)
Avantages sociaux Droits à la sécurité sociale du conjoint, congés parentaux Droits sociaux progressifs, congés parentaux après un an Aucun droit automatique
Dissolution Divorce avec obligations légales Rupture conjointe ou unilatérale Aucune formalité légale

La clé n’est pas de forcer l’engagement, ce qui ne ferait que renforcer la fuite de votre partenaire. Il s’agit plutôt de créer un espace où l’intimité n’est pas synonyme de prison. Cela passe par le respect de son besoin d’autonomie, la valorisation de sa vie en dehors du couple (ses amis, ses passions) et la démonstration que votre propre épanouissement ne dépend pas exclusivement de sa présence. Paradoxalement, c’est en desserrant l’étau que vous lui donnerez envie de se rapprocher.

Votre ex vit-il encore (symboliquement) avec vous ? Le protocole pour enfin tourner la page et faire de la place au futur

Pour changer de scénario amoureux, il est impératif que la scène soit vide. Or, bien souvent, même des mois ou des années après une rupture, l’ex-partenaire occupe encore une place considérable dans notre espace mental, émotionnel et même physique. Ce « fantôme » relationnel empêche toute nouvelle histoire de s’épanouir pleinement. Il ne s’agit pas de nier le passé, mais de le remettre à sa juste place pour que le présent et le futur puissent exister. Pour cela, un désencombrement mémoriel actif est bien plus efficace que d’attendre passivement que « le temps fasse son œuvre ».

Ce processus va au-delà de simplement jeter quelques photos. C’est un rituel de séparation symbolique qui touche à la fois le matériel, le social et l’intime. Il s’agit de reprendre possession de son territoire. Parfois, cette difficulté à faire le deuil peut être liée à des schémas familiaux inconscients. C’est là que des approches comme la psychogénéalogie peuvent être éclairantes. Comme le disait la pionnière française Anne Ancelin Schützenberger, cette discipline permet de mettre en lumière les loyautés invisibles et les traumatismes hérités qui peuvent nous empêcher d’avancer.

Voici un protocole concret, adapté à notre contexte français, pour vous aider à « libérer l’espace ». Chaque action, même petite, est une affirmation de votre volonté de tourner la page et de vous ouvrir à la nouveauté.

  • Le tri matériel et symbolique : Identifiez les cadeaux et objets de votre ex. Vendez-les sur des plateformes comme Vinted ou LeBonCoin pour transformer symboliquement un souvenir douloureux en ressource pour votre futur. Donnez les objets communs à des associations locales comme Emmaüs pour les réinjecter dans un nouveau cycle de vie.
  • La reconquête de l’espace-temps : Planifiez un week-end dans une région de France où vous n’êtes jamais allé(e)s ensemble. Le but est de créer des souvenirs neufs qui ne sont rattachés qu’à vous.
  • Le rituel de clôture : Écrivez une lettre à votre ex. Versez-y tout ce qui n’a pas été dit : la colère, la tristesse, la gratitude, le pardon. Ne l’envoyez pas. Brûlez-la ou enterrez-la. Ce geste est un acte psychomagique puissant de libération.
  • La réouverture sociale : Acceptez à nouveau les invitations, les rencontres fortuites au marché ou au café, sans culpabilité ni appréhension. Affirmez votre droit à une vie sociale qui n’est pas définie par votre statut amoureux passé.

Ce protocole n’est pas une formule magique, mais une série d’actes délibérés qui signalent à votre inconscient que le chapitre est clos. C’est en posant ces gestes que vous ferez de la place, non pas pour « quelqu’un d’autre », mais d’abord et avant tout, pour vous-même.

Arrêtez de chercher quelqu’un qui « complète » vos manques : la quête de l’amour commence par soi

L’un des mythes les plus tenaces, profondément ancré dans la culture romantique française à travers la chanson ou la poésie, est celui de « l’âme sœur », cette moitié manquante qui viendrait nous compléter et donner un sens à notre existence. Cette vision, aussi poétique soit-elle, est un véritable piège. Elle nous place dans une position d’attente passive et nous fait croire que notre bonheur dépend d’une source extérieure. La conséquence ? Nous cherchons un « sauveur » ou un « réparateur » plutôt qu’un partenaire, et nous nous présentons à l’autre comme un être en manque, ce qui est le plus sûr moyen d’instaurer une dynamique de dépendance.

La véritable révolution consiste à renverser cette perspective : le but n’est pas de trouver quelqu’un qui vous complète, mais de devenir vous-même une personne complète. Une relation saine n’est pas la fusion de deux moitiés, mais la rencontre de deux entités complètes qui choisissent de faire un chemin ensemble, s’enrichissant mutuellement sans se vampiriser. Le philosophe français Charles Pépin l’exprime avec force :

Si vous avez rencontré quelqu’un mais que rien n’a changé en vous… si rien n’a changé en vous, je suis désolé de vous dire que vous n’avez rencontré personne. Vous avez juste croisé quelqu’un.

– Charles Pépin, BRUT Philo

Cette « complétude intérieure » n’est pas un état abstrait. Elle se construit activement en investissant dans sa propre vie, indépendamment de toute quête amoureuse. Il s’agit de cultiver vos propres sources de joie, de sens et de validation. Voici des actions concrètes, facilement accessibles en France, pour nourrir votre propre jardin intérieur :

  • Utilisez votre Compte Personnel de Formation (CPF) pour apprendre une compétence qui vous fait rêver depuis longtemps.
  • Inscrivez-vous à un cours du soir proposé par votre Mairie (langue, poterie, théâtre…).
  • Rejoignez une association locale qui correspond à vos valeurs : un club de randonnée, un atelier d’écriture, ou faites du bénévolat aux Restos du Cœur.
  • Investissez dans votre espace de vie : redécorez votre appartement, aménagez un coin lecture, créez un lieu qui vous ressemble et où vous vous sentez bien, seul(e).
  • Cultivez activement votre cercle social, en organisant des dîners, des sorties, sans attendre d’être « en couple » pour avoir une vie sociale riche.

En devenant la source principale de votre propre épanouissement, vous changez radicalement votre vibration. Vous ne cherchez plus à « prendre » quelque chose chez l’autre, mais à « partager » ce que vous êtes déjà. Et c’est là que les rencontres les plus saines et les plus surprenantes peuvent enfin avoir lieu.

Anxieux, évitant ou sécure ? Le test pour découvrir votre profil amoureux et enfin comprendre vos relations

Si les sections précédentes vous ont parlé, il est temps de découvrir la grille de lecture qui sous-tend tous ces comportements : la théorie de l’attachement. Développée initialement par John Bowlby et popularisée en France par des figures comme Boris Cyrulnik, elle postule que la manière dont nous avons été sécurisés (ou non) dans notre enfance par nos figures parentales forge un « style d’attachement » qui va durablement influencer nos relations amoureuses à l’âge adulte. Ce n’est pas une sentence, mais un éclairage puissant sur notre « code source affectif ». Les recherches montrent que l’on peut distinguer trois profils principaux chez l’adulte, avec une répartition estimée où plus de 56 % des adultes ont un attachement sécure, tandis que les autres se répartissent entre les profils insécures.

Identifier votre profil dominant est la clé pour comprendre pourquoi vous réagissez de telle ou telle manière en amour. Voici les trois styles principaux :

Représentation des trois styles d'attachement (anxieux, évitant, sécure) à travers des postures corporelles et expressions faciales
  • L’attachement Anxieux (ou Ambivalent) : Vous avez une peur profonde de l’abandon. L’amour est souvent synonyme d’anxiété. Vous avez un grand besoin de fusion et de réassurance, et vous êtes très sensible aux moindres signes de distanciation de votre partenaire, ce qui peut vous rendre « collant(e) » ou exigeant(e). Votre leitmotiv interne est : « Reste près de moi, ne me quitte pas ».
  • L’attachement Évitant (ou Fuyant) : Vous valorisez avant tout votre indépendance et votre autonomie. L’intimité vous met mal à l’aise, vous la vivez comme une menace d’engloutissement. Vous avez tendance à garder une distance émotionnelle, à minimiser vos sentiments et à vous réfugier dans le travail ou des activités solitaires. Votre leitmotiv est : « J’ai besoin de mon espace, ne compte pas trop sur moi ».
  • L’attachement Sécure : Vous êtes à l’aise avec l’intimité et l’autonomie. Vous faites confiance à votre partenaire et vous n’avez pas peur d’être abandonné(e) ou étouffé(e). Vous êtes capable d’exprimer vos besoins et vos émotions de manière constructive et de gérer les conflits sans que cela ne remette en cause toute la relation. Vous savez que l’amour est une base solide, pas un champ de bataille.

Comme le souligne le neuropsychiatre français Boris Cyrulnik, pionnier de la résilience, ces bases se forment très tôt mais ne sont pas une prison. On peut « tricoter » de la résilience et travailler à développer une plus grande sécurité intérieure tout au long de sa vie.

Les bases de l’attachement se forment très tôt et les carences ou blessures de cette période influencent durablement la sécurité intérieure d’un individu.

– Boris Cyrulnik, théoricien de l’attachement et de la résilience

Alors, dans quel profil vous reconnaissez-vous le plus ? Cette identification n’est pas là pour vous enfermer dans une case, mais pour vous donner un point de départ pour comprendre vos réactions automatiques et commencer à les transformer.

Pourquoi tombez-vous toujours sur le même type de personne ? L’enquête pour démasquer votre scénario caché

L’impression de « tomber toujours sur le même type de personne » n’est pas qu’une impression. Notre style d’attachement nous pousse inconsciemment à rechercher des partenaires qui vont confirmer nos croyances profondes sur l’amour et rejouer des dynamiques familières, même si elles sont douloureuses. Une personne au style anxieux sera souvent irrésistiblement attirée par un partenaire évitant, dont la distance va activer son système d’attachement et sa quête de réassurance. C’est un scénario connu, donc paradoxalement « rassurant » dans son malheur.

Au-delà de la psychologie, des facteurs sociaux et culturels renforcent ces scénarios. En France, l’homogamie sociale est une réalité statistique : nous avons tendance à nous mettre en couple avec des personnes issues du même milieu social que nous. Les données de l’INSEE sont claires : près de quatre couples sur dix unissent des individus de la même classe socioprofessionnelle. Cela signifie que nous sommes souvent exposés au même « type » de profils, avec des valeurs et des codes similaires, ce qui limite le champ des possibles.

De plus, notre imaginaire collectif est pétri d’archétypes culturels qui modèlent nos désirs. Le cinéma français, par exemple, a popularisé des figures de séducteurs qui influencent encore nos attirances. Comprendre ces archétypes peut révéler quel « rôle » vous avez tendance à rechercher chez un partenaire.

Archétypes culturels du séducteur français et leurs impacts relationnels
Archétype Caractéristiques Impact relationnel
Le Séducteur romantique (type Delon) Beau, énigmatique, distant, antiéros classique, « French lover » Attraction pour l’inatteignable, peur de l’intimité réelle, idéalisation
L’Irrésistible cabossé (type Belmondo) Charme brut, humour, décontraction, masculinité traditionnelle Recherche du ‘bon vivant’ rassurant mais parfois étouffant, dynamique protectrice
L’Artiste maudit français Intellectuel, tourmenté, créatif mais instable émotionnellement Attrait pour le projet de ‘sauver’ l’autre, syndrome de l’infirmière

Démasquer votre scénario caché, c’est donc mener une double enquête. D’une part, identifier la dynamique d’attachement que vous rejouez (ex: « je poursuis des indisponibles pour prouver ma valeur »). D’autre part, prendre conscience des influences sociales et culturelles qui orientent votre « radar » amoureux. En comprenant ce qui vous attire « malgré vous », vous pouvez commencer à choisir différemment, en vous basant non plus sur la familiarité d’un scénario, mais sur la compatibilité réelle avec un projet de vie sain.

À retenir

  • Vos schémas amoureux répétitifs ne sont pas une fatalité, mais le résultat de votre style d’attachement (anxieux, évitant ou sécure) forgé dans l’enfance.
  • La dynamique la plus fréquente et conflictuelle est celle du couple « anxieux-évitant », où la quête de proximité de l’un active la fuite de l’autre dans un cercle vicieux.
  • La solution durable n’est pas de trouver une « moitié » qui vous complète, mais de travailler sur votre propre complétude pour nouer des relations entre deux individus entiers.

Le code secret de votre couple : comment votre style d’attachement explique 90% de vos réactions amoureuses

Maintenant que nous avons toutes les pièces du puzzle, assemblons-les. Le style d’attachement est véritablement le « code secret » qui déchiffre la grande majorité des dynamiques, des conflits et des réactions au sein de votre couple. Lorsque vous comprenez votre propre profil et celui de votre partenaire, les disputes qui semblaient irrationnelles ou personnelles deviennent soudainement logiques et prévisibles. Ce n’est plus « toi contre moi », mais la rencontre de deux systèmes d’attachement qui s’activent mutuellement.

La dynamique la plus explosive et la plus étudiée est celle du couple anxieux/évitant. C’est la « danse relationnelle » par excellence : l’anxieux, sentant la moindre distance, active son système d’attachement et cherche à se rapprocher par des demandes, des reproches ou des crises. L’évitant, percevant cette proximité comme une intrusion, désactive son propre système, devient froid, distant et se réfugie dans la fuite. Chaque partenaire donne à l’autre exactement ce dont il a le plus peur.

Lorsque la proximité devient insupportable pour le partenaire évitant, il désactive son système d’attachement et devient distant. Le partenaire anxieux ressent cette distanciation comme un rejet et cherche davantage à se rapprocher. Ce cercle vicieux crée des montagnes russes émotionnelles.

– Experts en psychologie de l’attachement, Dynamiques de couple anxieux/évitant

Comprendre ce code ne signifie pas qu’il faut se résigner. Au contraire, c’est la condition sine qua non pour pouvoir changer. La bonne nouvelle est que les styles d’attachement ne sont pas figés. On peut « gagner en sécurité » en travaillant sur soi et en couple. Des approches thérapeutiques comme la Thérapie Centrée sur les Émotions (TCE), développée par Sue Johnson, ont prouvé leur efficacité pour aider les couples à sortir de ces danses destructrices. Elles ne visent pas à changer qui vous êtes, mais à vous faire comprendre vos émotions profondes (la peur de l’abandon, la peur de l’engloutissement) et à apprendre à les communiquer à votre partenaire de manière constructive.

Votre plan d’action pour explorer la Thérapie Centrée sur les Émotions (TCE)

  1. Identifier un praticien certifié : La première étape est de chercher un thérapeute formé et certifié. L’Institut Français de la Thérapie Centrée sur les Emotions (IFTCE) propose un annuaire fiable de professionnels en France.
  2. Comprendre l’approche : Informez-vous sur les principes de la TCE. Elle est validée scientifiquement et vise à transformer les émotions qui alimentent les conflits en émotions qui créent du lien et de la sécurité.
  3. Vérifier la pertinence : La TCE est particulièrement indiquée pour les couples bloqués dans des schémas répétitifs, notamment la dynamique anxieux/évitant. Elle permet de mettre des mots sur le cycle négatif.
  4. Choisir le format : La thérapie peut se faire en individuel pour travailler sur son propre style d’attachement, ou en couple pour transformer la dynamique relationnelle. Les sessions sont disponibles partout en France.
  5. Se renseigner sur les modalités : Contactez un ou plusieurs praticiens pour discuter de leur approche, des tarifs et de la disponibilité. Le « feeling » avec le thérapeute est une composante essentielle de la réussite.

Changer de scénario amoureux est un chemin exigeant mais profondément libérateur. Il demande du courage pour regarder ses propres blessures, de la compassion pour comprendre celles de l’autre, et de la volonté pour désapprendre des réflexes ancrés depuis l’enfance. C’est le passage d’un amour subi à un amour choisi.

Commencer ce travail d’introspection est l’étape la plus importante que vous puissiez franchir. Pour mettre ces conseils en pratique et entamer un véritable changement, l’étape suivante consiste à explorer les pistes thérapeutiques qui s’offrent à vous, comme la TCE, afin d’être accompagné(e) sur ce chemin de guérison.

Rédigé par Hélène Mercier, Thérapeute de couple et psychologue clinicienne forte de plus de 20 ans d'expérience, elle est spécialisée dans la gestion des crises et la thérapie centrée sur les émotions. Son approche humaniste et intégrative est reconnue pour aider les couples à traverser les épreuves les plus complexes.